Les folies amoureuses by de Regnard

Les folies amoureuses by de Regnard

Auteur:de Regnard
La langue: fra
Format: epub
Tags: Literature
Éditeur: eBooksLib
Publié: 2001-12-24T00:00:00+00:00


ACTE 2 SCENE 3

Eraste, Albert, Agathe, Lisette, Crispin.

Eraste entre comme un homme qui se promène. Il aperçoit Albert, et le salue.

Albert, à part.

Quel triste contre-temps dans cette conjoncture !

Au diable le fâcheux, et sa sotte figure !

(haut, à éraste.) souhaitez-vous, monsieur, quelque chose de moi ?

Lisette, bas, à Agathe.

C'est éraste.

Agathe, bas.

Paix donc, je le vois mieux que toi.

(éraste continue à saluer.) Albert.

à quoi servent, monsieur, les façons que vous faites ?

Parlez donc ; je suis las de toutes ces courbettes.

Eraste.

Etranger dans ces lieux, et ravi de vous voir, vous rendant mes respects, je remplis mon devoir.

Assez près de chez vous ma chaise s'est rompue : lorsqu'à la réparer ici l'on s'évertue, attiré par l'aspect et le frais de ces lieux, je viens y respirer un air délicieux.

Albert.

Vous vous trompez, monsieur ; l'air qu'ici l'on respire est tout-à-fait malsain : je dois même vous dire que vous ferez fort mal d'y demeurer long-temps, et qu'il est dangereux et mortel aux passants.

Agathe.

Hélas ! Rien n'est plus vrai : depuis que j'y respire, je languis nuit et jour dans un cruel martyre.

Crispin.

Que l'on me donne à moi toujours du même vin que celui que notre hôte a percé ce matin, et je défie ici toux, fièvre, apoplexie, de pouvoir, de cent ans, attenter à ma vie.

Eraste.

On ne croira jamais qu'avec tant de beauté, et cet air si fleuri, vous manquiez de santé.

Albert.

Qu'elle se porte bien, ou qu'elle soit malade, cherchez un autre lieu pour votre promenade.

Eraste.

Cet objet que le ciel a pris soin de parer, cette vue où mon oeil se plaît à s'égarer, enchante mes regards ; et jamais la nature n'étala ses attraits avec tant de parure.

Mon coeur est amoureux de ce qu'on voit ici.

Albert.

Oui, le pays est beau, chacun en parle ainsi : mais vous emploieriez mieux la fin de la journée : votre chaise à présent doit être accommodée ; votre présence ici ne fait aucun besoin : partez ; vous devriez être déjà bien loin.

Eraste.

Je pars dans le moment. Dites-moi, je vous prie...

Albert.

Puisque de babiller vous avez tant d'envie, je vais vous écouter avec attention.

(à Agathe et à Lisette.) rentrez, rentrez.

Lisette.

Monsieur...

Albert.

Eh ! Rentrez, vous dit-on.

Eraste.

Je me retirerai plutôt que d'être cause que madame, pour moi, souffre la moindre chose.

Agathe.

Non, monsieur, demeurez, et, jusques à demain, différez, croyez-moi, de vous mettre en chemin, et ne vous y mettez qu'en bonne compagnie.

Les chemins sont mal sûrs.

Albert.

Que de cérémonie !

(Agathe rentre.)



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